Des milliers de locataires ne pourront pas payer leur loyer demain et des propriétaires menacent ouvertement d’éviction.

La situation est urgente. Francois Legault, Danielle McCann, Andrée Laforest, un appel à annuler les loyers maintenant !

Montréal, le 31 mars 2020 – Demain sera jour de loyer et des milliers de locataires ne seront pas en mesure d’honorer cette obligation. 
Le premier ministre François Legault tient toujours une position exhortant les propriétaires à être compréhensifs, mentionnant que les prestations fédérales seront disponibles plus tard en avril et que les expulsions sont actuellement suspendues à la Régie du logement.

Le Premier ministre Legault a tort cependant. En réalité :
i) l’écrasante majorité des propriétaires insistent toujours pour que le loyer soit payé dès demain ;
ii) l’argent des prestations fédérales ne sera pas versé avant le 16 avril au moins, et de nombreux locataires n’y auront pas droit ;
iii) de nombreux propriétaires menacent d’entamer des procédures d’expulsion, utilisant les retards de paiement pendant la crise comme prétexte pour déclarer leurs locataires en état de retard fréquent, une raison qui permet à la Régie du logement de résilier un bail et d’évincer un locataire; les audiences à la Régie ne sont actuellement suspendues que jusqu’au 7 avril.

Compte tenu de ces faits, et dans des circonstances de crise, les journalistes sont invités à demander à François Legault et Danielle McCann s’ils comptent venir en aide aux locataires dans le besoin, notamment en annulant le paiement des loyers. 

Le premier ministre a commencé sa conférence de presse hier en encourageant les Québécois à ne pas avoir honte de demander de l’aide pour des problèmes de santé mentale, notamment pour les personnes souffrant d’anxiété et de dépression liées à la crise actuelle. Cependant, l’un des principaux facteurs d’anxiété pour des milliers de Québécois en ce moment est la peur associée au non-paiement du loyer, et la crainte de perdre son logement après l’état d’urgence sanitaire.

Cette question peut être résolue immédiatement en décrétant l’annulation du loyer, et en s’assurant que personne ne subira de conséquences négatives pour le paiement tardif ou le non-paiement du loyer pendant la crise.

Les associations de propriétaires – de la Corporation des propriétaires du Québec (CORPIQ) à l’Association des propriétaires du Québec (APQ) – ont publiquement insisté pour signifier que le loyer sera dû le 1er avril. En ce sens, ils n’ont montré aucune volonté d’accommoder les locataires qui ne pourront pas payer, et ce malgré les commentaires du premier ministre François Legault et de la mairesse Valérie Plante.

C’est dans cet esprit qu’un groupe de propriétaires a publié un avis juridique public à l’intention des propriétaires qui commence ainsi : « Lui rappeler que son loyer, avec politesse, doit être payé le 1er du mois… Laisser une trace écrite. Le but : constituer un dossier pour retard fréquent face à un locataire qui profite du COVID-19 ». Le courrier, d’un avocat, dit également… :  « Prenez le temps de demander son courriel. Le but derrière est de pouvoir signifier sa demande pour expulsion via huissier, qui lui, fera via courriel. Le nouvel arrêté ministériel permet au huissier de signifier par courriel » (sic). (source: www.facebook.com/groups/mordusdimmobilier/permalink/2893134757447083/, consulté le 30 mars à 20h00)

Le “retard fréquent” est un prétexte pour évincer des locataires, ce qui montre que de nombreux propriétaires tentent d’exploiter la situation actuelle pour forcer les locataires en retard à quitter leur logement dès que la Régie autorisera à nouveau les audiences d’expulsion (dès le 7 avril).

Partout au Québec, des locataires sont acutellement poussés à bout par des propriétaires inhumains :

Jesse Dekel, une locataire dans un logement déjà insalubre à Rosemont-La Petite-Patrie, dit : « Il y a neuf mois, j’étais sans-abri, mais j’ai finalement réussi à retomber sur mes pieds avec un emploi à temps partiel. Récemment, j’ai été licenciée comme tout le monde ».

Rachel Tremblay, la locataire d’Hochelaga-Maisonneuve qui a lancé une pétition pour l’annulation des loyers (http://chng.it/XJctK2Tw) et qui ne pourra pas payer son loyer demain, déclare « Je suis étonnée que cette situation soit demeurée si longtemps en suspens. Il est hypocrite de la part du premier ministre d’exprimer son inquiétude pour la santé mentale des résidents sans prendre de mesure pour leur assurer l’accès à un logement sûr et à long terme, des besoins principaux pour une bonne santé mentale ».

Jesse Dekel ajoute : « Le Québec n’a pas encore décrété un gel des loyers à l’échelle de la province, mais soutient plutôt les entreprises et ignore les personnes les plus vulnérables touchées par la pandémie. La seule chose que moi et tant d’autres personnes de la classe ouvrière au Québec pouvons faire c’est de retenir notre loyer ».  

Des milliers de locataires, certains organisés en groupes, d’autres pas, ne paieront pas de loyer demain. Dans la pétition lancée par Rachel Tremblay la semaine dernière, trois demandes claires ont été formulées :

– l’annulation immédiate du paiement des loyers au Québec ;
– un moratoire sur toute expulsion liée à l’incapacité de payer le loyer pendant la pandémie de COVID-19, que ce soit maintenant ou plus tard ;
– l’ouverture des logements vacants -tels que les unités Airbnb vides, les condos vacants, les hôtels- pour y loger les personnes sans-abri ou vivant actuellement dans des conditions de logement dangereuses, insalubres ou abusives.

Une compilation des commentaires des locataires en faveur de l’annulation des loyers est liée ici : https://grevedesloyers.info/temoignages-3/  

Pendant ce temps, la campagne « Draps blancs pour la grève des loyers » continue de réclamer l’annulation des loyers et des paiements hypothécaires, y compris des intérêts, pendant toute la durée de la crise de la COVID-19. Nous invitons le public à afficher le symbole des draps blancs sur la façade de leur maison pour montrer leur solidarité avec les personnes les plus vulnérabilisées par cette crise, avec celles qui ne peuvent pas payer leur loyer et avec celles qui les soutiendront par une grève des loyers. Nous invitons les propriétaires, également touchés par la crise, à se joindre à cet appel, comme cela a été le cas de certains propriétaires Torontois (lien : https://nowtoronto.com/lifestyle/real-estate/small-landlords-rent-strike-toronto-coronavirus).